Au moment où cet article est rédigé, le mot “metaverse” fait fureur dans le journalisme de mode. Le 28 novembre 2021, Mark Zuckerberg a présenté sa vision d'un "plan virtuel persistant qui rassemble des éléments du monde réel et numérique dans une expérience unifiée, transparente et immersive".
Intriguées par les possibilités apparemment infinies, des marques traditionnelles telles Dior, Gucci et Ralph Lauren se sont déjà plongées dans cette verticale et lancent des produits virtuels, aux côtés de marques spécialisées dans les vêtements digitaux tels que The Fabricant, basée dans les Pays-Bas, et Screenwear, basée en Australie.
La mode dans le métavers promet de libérer les consommateurs et les marques des limites de la mode traditionnelle.
La mode dans le métavers, fortement liée aux notions de NFT (Non Fungible Tokens) et de Crypto-monnaie, promet de libérer les consommateurs et les marques des limites de la mode traditionnelle. Ces produits virtuels nous permettraient d'être complètement immergés dans la culture courante, de démocratiser la consommation de produits de luxe ainsi que de décentraliser l’actuelle structure du pouvoir de l’industrie de la mode. Tout cela sous le prisme de l'écologie, la réduction de la consommation d'énergie qui reste l'argument le plus cité par les partisans de la mode virtuelle.
Une consommation massive de mode virtuelle pourrait faire grimper en flèche la consommation d'énergie.
Une semaine de la mode numérique a également été lancée par Decentraland afin de présenter toutes les créations “digital wearables”, avec parfois la possibilité d'acheter une réplique physique d’un look.
Et pourtant, les risques éthiques associés à la mode virtuelle ne sont pas à prendre à la légère. La promotion de l'utilisation intensive des réseaux sociaux et de la connexion virtuelle entraîne des problèmes physiques et psychologiques, notamment en ce qui concerne les troubles du sommeil et le développement d’anxiété chez les adolescents. Les revendications écologiques sont également à l'étude, car une consommation massive de mode virtuelle pourrait faire grimper en flèche la consommation d'énergie, entraînant les mêmes problèmes que l'on critique auprès de la fast-fashion.
Il est trop tôt pour juger la mode virtuelle, car elle n'en est encore qu'à ses premiers pas. Elle pourrait évoluer de manière durable et créer de nouveaux modèles pour les influenceurs, éliminant le besoin d'acheter des vêtements physiques. Elle pourrait aussi devenir une plateforme de lancement pour une nouvelle génération de stylistes.
Cependant, il semble peu probable que ce phénomène remplace plus que marginalement la mode physique, car les consommateurs auront toujours besoin de s'habiller au quotidien. Et dans un monde réel qui nécessite des solutions urgentes telles que l'innovation des pratiques industrielles, le développement de matières durables et qualitatives et, en outre, un changement de perspective sur la manière dont nous consommons collectivement la mode, ce phénomène pourrait ne pas être la bouée de sauvetage que nous espérons.